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Publié le 22/03/2022 - Modifié le 11/10/2022

Laurence Belrhiti, l'émancipation par le body karaté

Développer un sport qui mixe les arts martiaux, le renforcement musculaire et le cardio tout en luttant pour la cause féminine, voilà le credo de cette ceinture noire de karaté.

Vivante, vibrante, résolument motivante… Laurence Belrhiti est tout cela à la fois. Et l’assume. "On n’a pas le temps, la vie passe trop vite", glisse-t-elle avec un énorme sourire. Et il suffit d’assister à un cours de body karaté pour comprendre qu’elle n’est pas de celles qui se laissent abattre, au contraire. Sur les tatamis depuis toujours, la presque trentenaire, ceinture noire de karaté, fille de deux champions du monde, porte chaque jour plus loin la discipline familiale.

Aider les femmes à se défendre

C’est en effet sa mère, Catherine Belrhiti, qui a créé le body karaté, pour "féminiser la pratique du karaté, qui était alors à 80% composé d’hommes". Mélange de fitness et d’enchaînements techniques chorégraphiés, la discipline inscrite à la Fédération française de karaté compte environ 13 000 pratiquantes et pratiquants, même si le sport est à 94% féminin. De quoi porter les projets de Laurence Belrhiti, qui en profite pour défendre "la" cause qui lui tient le plus à coeur : "celle des femmes".

"J’ai perdu quelqu’un qui était victime de violences, je ne savais pas ce qu’elle subissait et je n’ai rien pu faire. J’ai aussi été agressée et je ne souhaite ça à personne. La vie est trop courte pour subir tout ça, personne n’a le droit de décider à notre place." Voilà pourquoi elle se démène sur tous les plans pour aider les femmes, victimes ou témoins de violences. En 2020 et 2022, avec ses Journées des femmes organisées dans l’Eurométropole, elle a réuni plus de 600 personnes autour de sa discipline, d’ateliers de self-défense et d’informations pratiques dispensées par des représentantes d’associations, des avocates, des élues…

Pour donner à chacune les moyens, sinon de se défendre, au moins de trouver de l’aide. "Je souhaite encourager toutes les femmes à croire en elles et à se battre pour s’en sortir seule. Et je veux faire du body karaté une activité thérapeutique qui pourrait rendre n’importe quelle personne plus forte, plus confiante et prête à prendre le contrôle de sa vie. Comme un sport révélateur de capacités." 

Et symbole de liberté, mot dont elle se sert pour se définir. "Je me sens reconnaissante de me réveiller chaque matin en vivant de ma passion, de ne dépendre de personne financièrement, physiquement ou mentalement, de pouvoir faire absolument ce que je veux, quand je veux, d’avoir la liberté de changer d’avis à tout moment. Je veux transmettre cette chance à d’autres, car selon moi, elle ne tombe pas du ciel, on se la crée soi-même. On doit se battre pour sa liberté." 

Force et humilité

De quoi créer un réel engouement. Au point de devenir un modèle pour toute une génération ? Et pourquoi pas ? La jeune entrepreneure est suivie par 35 000 followers sur les réseaux sociaux, accros à ses vidéos sportives et à sa philosophie de vie pleine de punch. "Mes parents m’ont appris à être ambitieuse, à avoir de grands rêves tout en n’oubliant jamais que rien n’est acquis. La force et l’humilité en même temps." 

Sa plus grande fierté ces derniers temps est la création des "week-ends Impact", réservés aux femmes pour concrétiser leurs projets dans tous les domaines. "C’est du développement personnel et du sport, des moments incroyables en pleine montagne." Parce que, conclut Laurence Belrhiti, "la vie, c’est maintenant, alors je n’ai qu’un message à partager : foncez, rêvez, relevez-vous. Soyez la force, l’indépendance et la liberté que vous aimez chez les héroïnes de cinéma. Devenez, tout simplement, l’actrice principale de votre propre vie." Véronique Kolb

Photos Valentine Zeler