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Portrait - Mathilde Villette, un regard neuf sur l’archéologie

Mathilde Villette, un regard neuf sur l’archéologie

Publié le 18/08/2020 - Modifié le 02/03/2021

Fil d'Ariane

Mathilde Villette

La nouvelle conservatrice du Musée archéologique veut faire rayonner le lieu et amener le public à le fréquenter davantage. Ses atouts : un parcours riche et singulier.

Portrait de Mathilde VilletteSon rêve ? "Que le public tombe ou retombe amoureux du Musée archéologique." Mathilde Villette, nouvelle conservatrice du lieu éponyme, a posé ses valises remplies d’envies et d’enthousiasme à Strasbourg en juillet dernier. Même si pour l’instant il faut faire preuve de patience –l’exposition temporaire consacrée à la "vie mouvementée des collections" a été prolongée jusqu’en juin 2021, confinement oblige- elle ne manque pas d’idées.

À commencer par l’organisation d’expositions et d’ateliers originaux, pour apprendre en s’amusant, tout en conservant une "rigueur scientifique" insiste-t-elle. Mathilde Villette compte aussi poursuivre la politique de médiation du musée, impulsée par sa prédécesseure Bernadette Schnitzler, afin de donner envie de venir à ceux et celles qui n’osent pas pousser la porte du musée.

Celui-ci "est parfois vu comme un endroit sacré, assez impressionnant, où on ne doit rien toucher, pas faire de bruit… D’où l’importance d’accueillir régulièrement des élèves, pour que le musée leur devienne familier, et des actions hors les murs pour aller à la rencontre des habitants."

Avec "des collections et une réserve exceptionnelle pour une région comme l’Alsace, en termes de quantité et de qualité," et une place au sein d’un réseau de neuf autres musées strasbourgeois, le musée archéologique s’y prête bien.

Le musée, un lieu de recherches

Mathilde Villette, titulaire d’un doctorat en archéologie sur l’artisanat potier du sud de l’Italie, souhaite aussi accueillir chercheuses et chercheurs, histoire que le musée et sa bibliothèque deviennent un lieu de recherche. Un bon moyen d’enrichir la connaissance collective. Elle le souligne : ce n’est pas son musée, mais celui de tout le monde. Le faire rayonner en Europe et travailler en lien avec les différents acteurs de l’archéologie et de la culture du territoire sera son deuxième objectif.

Un profil universitaire…

Pour cela, la nouvelle conservatrice peut compter sur la richesse et la singularité de son parcours. La native de Nantes le reconnaît elle-même dans un sourire : elle n’est "pas du sérail". Ses parents n’appartiennent pas au monde de la culture –son père est employé municipal, sa mère orthophoniste- et elle a débuté ses études par un cursus d’histoire de l’art, et non par une classe prépa ou par l’école du Louvres. Une opportunité la mène en Italie pour son mémoire sur la romanisation de la Gaule cisalpine, qu’elle poursuit avec une thèse obtenue en 2017…

Tout en travaillant pour financer ses études. "Dans un supermarché, dans la restauration, en boulangerie, en charcuterie… J’ai un peu tout fait. Ça permet de garder un pied dans la réalité. En parallèle, j’ai décroché des bourses de l’école française de Rome, de l’université franco-italienne, de l’université européenne de Bretagne et de l’université de Rennes 2. Je suis devenue une as pour monter des dossiers et des projets. Chercher de l’argent, c’est le nerf de la guerre !"

… et de terrain

Mathilde Villette a aussi manié la pelle et la pioche, sous le soleil comme dans les intempéries, sur de nombreux sites de fouilles, en Italie et en France. "Dans l’Allier, avec le CNRS, sur un site riche en céramiques néolithiques ; dans la Mayenne pour travailler sur un oppidum gaulois avec l’INRAP ; près de Rennes pour découvrir une villa romaine", énumère-t-elle. C’est un chantier d’archéologie préventive, à Brest, qui la ramène à sa première envie : être conservatrice "pour faire des recherches, étudier les objets et les documenter afin de les mettre en valeur et de les rendre accessible au public."

En 2018, Mathilde Villette réussit du premier coup le concours et commence 18 mois de formation administrative et scientifique, auprès de l’Institut national des études territoriales et de l’Institut national du patrimoine. Elle effectue des stages au musée Debré à Tours, dans le département grec et romain du Metropolitan museum of art de New-York, au service régional de l’archéologie d’Alsace et à la Région Bretagne. Du terrain au musée, la jeune conservatrice connaît maintenant toute la chaîne. La voilà fin prête. Et c’est Strasbourg qu’elle choisit.

Léa Davy

Photos Jean-François Badias

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