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Retraites à 64 ans : Non, c'est non !

Retraites à 64 ans : Non, c'est non !

Fil d'Ariane

Motion au Conseil municipal du lundi 20 mars 2023

Le 19 janvier dernier, le gouvernement a annoncé son projet de réforme des retraites. Ce projet prévoit le report progressif de l’âge légal de départ en retraite à 64 ans, l’allongement de la durée de cotisation à 43 annuités, la suppression des régimes pionniers qui protègent de nombreux·ses travailleur·euses aux métiers difficiles ou encore l’effacement de certains critères de pénibilité.

Pourtant, ce projet ne peut pas être aujourd’hui justifié par l’état des comptes des caisses de retraites, pas plus qu’il ne peut l’être par leur évolution à venir. Pierre-Louis Bras, Président du Conseil d’Orientation des Retraites, a même déclaré face aux député·es le 19 janvier : "Les dépenses de retraites sont globalement stabilisées et même à très long terme".

Depuis l’annonce de cette contre-réforme rejetée par 8 français·es sur 10, notre pays connaît une mobilisation sans précédent depuis plusieurs décennies. À l'appel de l’intersyndicale (CGT, FO, FSU, Solidaires, CFDT, CFE-CGC, CFTC, UNSA) à laquelle s'associent des organisations de jeunesse, des associations, des organisations et des partis politiques, ce sont plus de 3,5 millions de personnes qui ont manifesté leur désaccord face à ce projet le 7 mars. Pour autant, le Président Emmanuel Macron maintient son mépris à l’égard de cette intersyndicale qu’il a refusé de rencontrer.

Pour passer en force, tous les artifices constitutionnels et législatifs ont été mobilisés par le gouvernement : détournement de l’article 47-1 de la Constitution, procédure accélérée, limitation du débat parlementaire, Commission Mixte Paritaire à huis-clos et enfin utilisation du 49-3 par absence de majorité à l’Assemblée Nationale.  

Le gouvernement s’isole, le Président Macron s’entête, et notre démocratie souffre. 

Au-delà du coup de force anti-démocratique, cette contre-réforme marque un recul social sans précédent.

À 60 ans déjà, la moitié de la population n’est plus en situation d’emploi. Le taux de chômage des plus de 55 ans est au plus haut depuis 1975 et continue de progresser. Un report de l’âge légal condamnera de nombreuses personnes au chômage en fin de carrière et à une dégradation de leurs pensions. 

Pire, les personnes qui envisageaient de poursuivre leur carrière au-delà de 62 ans y seront désormais contraintes, mais elles perdront le bénéfice de deux années de surcote et verront également leurs pensions diminuer.

La réforme impactera d’abord les salarié·es aux carrières les plus longues, souvent précaires. Pourtant, ces travailleur·euses aux carrières longues voient déjà leur espérance de vie en bonne santé largement dégradée. Elle va en outre renforcer les inégalités qui touchent les femmes, dont les carrières sont souvent hachées, les salaires inférieurs et les pensions plus faibles que celles des hommes.

Pire encore, le flou savamment entretenu sur la revalorisation à 1 200 euros des petites pensions s’est avéré être un simple mensonge puisque seule une poignée de personnes sera concernée.

Enfin, cette réforme dégradera les droits à la retraite des salarié·es et des fonctionnaires territoriaux qui sont nombreux·ses à exercer des métiers essentiels et pénibles. Les conséquences sur leur espérance de vie en bonne santé seront lourdes.

Le gouvernement impose encore une fois une hausse de cotisations aux collectivités territoriales sans compensation aucune, sans exiger une telle hausse pour le secteur privé. La facture sera prélevée sur les comptes des collectivités territoriales et sur le temps de vie des travailleur·euses.

Derrière la communication mensongère du gouvernement quant à un soi-disant sauvetage de notre système de retraites par répartition, se cache le fait que cette réforme induira un recours à la retraite par capitalisation pour compenser les faibles pensions du régime public. Sortie par la grande porte en 2020, elle revient par la fenêtre trois ans plus tard avec cette contre-réforme.

Parce que la retraite ne doit plus être l’antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie, le Conseil municipal appelle de ses vœux une réforme de progrès : un droit à la retraite à 60 ans, financé grâce à une augmentation des salaires et des cotisations patronales, et une mise à contribution des revenus financiers.

Il est urgent de défendre un autre modèle de société : une société où le droit à la retraite et au temps libéré, en bonne santé, dans des conditions de vie dignes, est inconditionnel.

Attaché à la démocratie et au progrès social, le Conseil municipal de la Ville de Strasbourg :

  • apporte son plein soutien aux syndicats et aux travailleur·euses engagé·es dans le mouvement social ;
  • appelle le gouvernement à retirer son projet de contre-réforme des retraites ;
  • soutient les recours devant le Conseil constitutionnel ;
  • s'engage à contribuer à la campagne pour le référendum d’initiative partagée (RIP) contre la réforme des retraites en facilitant le recueil de signatures et l'information à la population ;
  • s’engage à fournir les moyens matériels nécessaires à la tenue de débats publics organisés par les syndicats et collectifs sur le retrait de la réforme des retraites à leur demande.

 
Adopté  le 20 mars 2023 par le Conseil municipal de Strasbourg 
Rendu exécutoire après transmission au contrôle de légalité préfectoral le 23 mars 2023 et publication sur le site Internet www.strasbourg.eu le 24 mars 2023

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