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Thomas Rebischung

Thomas Rebischung : Confinement (2020). Feutre acrylique sur papier doré. Dimensions : 70 cm x 100 cm.

Portrait de Thomas Rebischung par Christophe Urbain

Votre parcours artistique ?

J’ai toujours aimé regarder, contempler. Je suis un ex-enfant de chœur qui exprime par l’image sa perception du sacré et du symbolique, du politique et du sensible. C’est par le regard que j’ai compris le monde qui m’entourait. Les images furent pour moi une porte d’entrée dans le monde dit sérieux des adultes. Je garde un souvenir puissant des petits portraits des dictionnaires qui illustraient les gens célèbres, des icônes et des images religieuses, souvent sombres, de ces vitraux si lumineux ou de certaines illustrations publicitaires. Ces images me touchaient sans que je puisse les comprendre, les hiérarchiser. Aujourd’hui, j’explore ces différents modes de l’image. Je fais des hypothèses graphiques. Elles sont le fruit de réflexions intimes, artistiques et politiques. Le choix du dessin par exemple comme pratique pauvre, populaire et accessible; le noir et blanc, comme réponse à la séduction des publicités et la rue comme espace possible d’exposition, un lieu pour donner à voir, un espace de pouvoir.

 

Un pour tousse et tousse pour un ! Thomas Rebischung 

 

Ainaz Nosrat : Sans titre (2020)

Pourquoi avoir choisi cette œuvre ?

Créé spécialement pour St'Art, ce dessin est une représentation du confinement et de ses effets; une métaphore de l’année 2020, une hypothèse graphique. Des formes s’entremêlent et se compressent sur un papier doré. Le doré nous renvoie au capitalisme et à sa richesse colossale, à la trame de fond de cette crise. L’utilisation du doré peut évoquer également le sacré, la pandémie comme châtiment divin. Les corps symbolisent les populations confinées et le spectateur regarde la scène derrière une plaque de verre. On ne pourrait y voir qu’un motif décoratif. La lisibilité du dessin est difficile comme il nous est difficile de lire ce qui nous arrive aujourd’hui. Le message est brouillé. Le graphisme, presque hypnotique amène le regard à se perdre dans les méandres du dessin. Pour s’y plonger, le spectateur doit prendre le temps, s’arrêter un instant. 

 

Pourquoi le Bastion 14 ?

En arrivant à Strasbourg en 2015, j’ai eu rapidement besoin d’une espace de travail. Ma pratique du collage dans l’espace public exigeait un espace certain pour y préparer les papiers et les conditions de travail proposées par la Ville sont sans équivalent sur le territoire. La proximité d’autres artistes professionnels et l’émulation qui en résulte ont fini de me convaincre à postuler. J’ai la chance de profiter d’un atelier au Bastion 14 depuis 2017 que je partage avec Tae Gon Kim. 

 

Et pour vous suivre ?

 

Photos : © Christophe Urbain