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Au musée Tomi Ungerer, le reportage illustré à l’honneur

Culture

Au musée Tomi Ungerer, le reportage illustré à l’honneur

Culture

Publié le 29/10/2025 - Modifié le 29/10/2025

Au musée Tomi Ungerer, le reportage illustré à l’honneur

Fil d'Ariane

Un accrochage d’œuvres appartenant aux collections du musée met en perspective les travaux journalistiques de Robert Weaver et de Tomi Ungerer dans les années 1960 et 1970.

C’est un format dont le succès fut – hélas – de courte durée : le reportage illustré marque cependant l’identité de la presse magazine aux États-Unis pendant les années 1960 et 1970. Figure incontournable de ce courant baptisé « visual journalism », Robert Weaver a eu une influence déterminante sur le travail de Tomi Ungerer. Les deux hommes se fréquentaient à New York, et la famille du premier a fait don dès 2008 d’un peu plus de 80 œuvres au musée consacré au second. Ces connivences font actuellement l’objet d’un accrochage au musée Tomi Ungerer (MTU), intitulé « Robert Weaver/Tomi Ungerer. L’Illustration en action ».

Croquis sur le vif

« Il ne s’agit pas d’illustrations de presse à la manière de Norman Rockwell, ni de dessins de presse, satiriques ou informatifs, que l’on trouve toujours dans les journaux, précise Morgane Magnin, commissaire de cet accrochage. Robert Weaver, Tomi Ungerer et d’autres comme Ronald Searle partaient en reportage sur le terrain où ils prenaient des croquis rapides, avant de retravailler leurs dessins en studio. » Ils avaient carte blanche, ou presque, dans des publications à grand tirage comme Life, Fortune, Sports Illustrated ou encore New York Magazine.

Portrait de John F. Kennedy, Robert Weaver

Le regard de Robert Weaver est singulier : il aborde chacune de ses thématiques par différents prismes. « Tout en s’immergeant dans les milieux qu’il étudie, il semble fragmenter l’espace en des points de vue divers et complémentaires », décrit Morgane Magnin. Instantanés de rue, cadrages sur des détails, scènes saisies sur le vif et vues d’ensemble composent ainsi des formats longs, développés sur plusieurs pages de magazine. À cet égard, son reportage sur des compétitions de baseball est remarquable. Il représente les sportifs, certes, mais aussi le vendeur de hot dog, les gradins animés, les spectateurs noirs relégués derrière une grille, etc.

Dessins d’audience

Mis en parallèle, le travail de Tomi Ungerer se distingue par ce qui fait la patte de l’artiste : une distance un peu malicieuse, voire satirique avec son sujet. Il s’amuse ainsi des codes régissant le monde des courses hippiques ou aborde la question de la ségrégation via une série sur les clubs de jazz, des lieux pour Blancs où les Noirs sont admis uniquement sur scène. Des carnets originaux sont présentés à l’occasion de cet accrochage.
Témoin d’une époque révolue, le parcours s’achève cependant par des œuvres contemporaines. Les dessins d’audience réalisés par Olivier Dangla pour le journal Le Monde lors du procès des attentats de Charlie Hebdo ouvrent une perspective sur l’héritage laissé par le reportage illustré dans la presse actuelle.

Lisette Gries
Photos Jérôme Dorkel ; visuels : Musées de la Ville de Strasbourg

En pratique : accrochage « Robert Weaver/Tomi Ungerer. L’Illustration en action », jusqu’au 15 février 2026. Horaires et tarifs : musees.strasbourg.eu