Le sport, outil puissant d'émancipation

Nager, faire du vélo, apprendre à se défendre… La pratique sportive est utile aux femmes à tous les âges de leur vie.

"Ici, les femmes ont toutes une histoire avec la violence", confie Lara*. Depuis septembre, la trentenaire, victime de violences conjugales, participe aux stages d’autodéfense de l’association Allez les filles. Des femmes de tout âge s’y retrouvent une fois par mois. "Nous rejouons des scènes que nous avons vécues, mais cette fois on nous donne les moyens de nous défendre", poursuit Lara, après avoir repoussé une simulation d’étranglement, sous le regard d’Yvette Palatino, responsable de l’association. L’ancienne championne de kick-boxing initie des femmes, de plus en plus nombreuses, à la boxe et à l’autodéfense. "Le sport, quel qu’il soit, est salvateur, la confiance acquise sert de tremplin aux femmes dans leur vie personnelle et professionnelle", assure-t-elle.

Agir sur les vulnérabilités

Salvatrice, la pratique sportive est pourtant toujours empreinte d’inégalités et de discriminations. "En analysant les statistiques des clubs sportifs, nous avons constaté que les adolescentes des quartiers prioritaires sont peu enclines à s’inscrire", rapporte Farid Adjouj, chef de projet sport inclusion et citoyen. La Ville encourage la création de sections féminines et mène des actions de sensibilisation dans les établissements scolaires afin d’inviter les filles à solliciter la bourse d’aide à la licence sportive, leur permettant de s’inscrire en club à l’année pour 80 euros. La municipalité accompagne les femmes à des périodes de fragilité : le sport-santé sur ordonnance est proposé pendant la grossesse ou le post-partum, deux moments de vulnérabilité physique et psychique. Les réfugiées sont, elles, accueillies au sein d’ateliers où elles peuvent, par exemple, apprendre à faire du vélo. "C’est à la fois un outil de libération et d’intégration", constate Jean-François Kintz, éducateur sportif pour la Ville. Et Khaoula, une Algérienne de 30 ans, de lancer avant de repartir à bicyclette : "C’est un vrai gain de confiance en soi ! 

*Le prénom a été modifié.

Anne Dory
Photos Jérôme Dorkel et Thomas Toussaint

 

Cet article fait partie d'un dossier complet, publié dans Strasbourg Magazine numéro 341 mars-avril 2024.
A lire également :
Strasbourg, ville féministe
L'égalité par le budget