Anna Haifisch s'expose au Centre de l'illustration

Le musée Tomi Ungerer ouvre ses portes aux productions de l’artiste allemande. L'exposition Souris en image est à découvrir jusqu’au 7 avril.

Pour sa première exposition depuis sa récente nomination comme conservatrice du Musée Tomi Ungerer – Centre international de l’Illustration, Anna Sailer signe un coup de maître. Souris au bec regroupe jusqu’au 7 avril les œuvres d’Anna Haifisch, l’une des jeunes autrices et illustratrices allemandes qui a le vent en poupe, pour ce qui constitue sa première exposition monographique en France.

Complice avec le visiteur, l’artiste installée à Leipzig se joue habilement des passages obligés, détournant l’exercice de la biographie en proposant, à la place, des vues dessinées de son atelier et de ce qui l’y inspire (piles de bouquins, natures mortes entre figurine de Tintin et tasse Snoopy, roman et livre sur Dada). En face, ses publications pour le New Yorker ou Vice parlent d’elles-mêmes. L’entrée dans son œuvre s’effectue via des dessins originaux à l’encre de Chine qui voisinent avec les agrandissements des pages finales, gorgées de couleurs pop, recouvrant les murs d’une salle entière, nous plaçant comme à l’intérieur d’un livre XXL. S’y dévoilent son goût du haïku, des clins d’œil au célèbre plongeon de David Hockney (A Bigger Splash) ou encore sa mise en abime des angoisses de la création avec un humour chevillé à la plume.

D'Europe en Amérique, une même fascination pour la couleur

L’observateur attentif reconnaîtra même, sous leurs têtes d’animaux, les trois héros de Clinique von Spatz, son premier opus : Walt Disney, Saul Steinberg (l’un des géants du dessin de presse) et Tomi Ungerer séjournent dans le Pavillon des visionnaires, s’entraidant pour surmonter la crise artistique qui les accable.

Dans une petite salle attenante aux murs violets, de superbes esquisses brutes sont accrochées, au scotch, en toute simplicité. Plus loin, Ready America témoigne d’une résidence de trois mois à Los Angeles : "C’est comme un journal ouvert de ma fascination pour le mélange des couleurs de cette ville, ses billboards immenses, et le décalage avec l’ambiance de fin du monde qui y règne", confie Anna Haifisch. Ses visions des grands espaces du Nouveau Mexique, sur une table centrale, sont à couper le souffle.

Thomas Flagel

Photos Valentine Zeler