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Vinca Schiffmann

Vinca Schiffmann : Ensemble fibre et sève (2019). Latex, divers tulles, fils et laines.

Portrait de Vinca Schiffmann par Christophe Urbain

Votre parcours artistique ?

J’aimais fabriquer de mes mains et il me semblait que mon tempérament propice à la mélancolie trouverait un exutoire dans la création artistique… Très vite cette dimension "exutoire" m’est apparue comme le lot de trop nombreux "artistes autoproclamés" et il a fallu chercher un autre sens à la nécessité, l’envie, le désir insatiables de créer.
Autodidacte, j‘ai fait assez peu d’études dans le domaine des arts plastiques, mais je suis devenue collectionneuse de livres d’art de toutes époques.
Le textile, matière souple façonnable en volumes, a toujours été au cœur de mes préoccupations et avec lui le "texte" et l‘écriture, intime dans un premier temps, puis aléatoire. L’emploi du latex m’a permis d’élaborer une forme d’écritures dont la maniabilité et le volume préservaient le secret à travers un emmêlement permanent.
Dans le flou de la souplesse de la matière, résident la variabilité, l’absence de certitude, l’interprétabilité, la subjectivité, le hasard… des notions auxquelles je suis très attachée.

 

Manteau matiéré d’allure végétale, robe ludique à bandes volantes. Vinca Schiffmann 

 

Vinca Schiffmann : Ensemble fibre et sève (2019)

Pourquoi avoir choisi cette œuvre ?

Il s’agit d’une création datant de 2019, qui a été présentée lors d’un défilé au Salon Mode et Tissus de la même année, au sein duquel j’ai été styliste invitée. Elle clôturait le défilé en guise de robe de mariée. 
Cette création illustre le virement qui s’est opéré dans ma carrière entre un travail principalement centré sur les arts plastiques, avec la production d’œuvres murales, sculpturales et d’installations, vers l’univers de la création vestimentaire et de la mode. C’est le travail du latex et la découverte des multiples possibilités d’application sur des tissus qui a été à l’origine de ce changement de cap. Le latex, à la manière du plomb dans les vitraux, sert autant de joint que de motif contour; il est fonctionnel et esthétique.
Chaque pièce du manteau est travaillée à la manière d’un tableau, jouant avec les effets de matière, les ruptures et le rythme des motifs, l’alternance et l‘intensité des noirs et des blancs. La robe est composée d’une succession de bandelettes, solidarisées par le latex, produisant un jeu d’alternance entre opacité et transparence sur le corps.

 

Pourquoi le Bastion 14 ?

Dans mon domaine, la création de vêtements, je suis essentiellement autodidacte. J’avais envie d’échanger avec d’autres artistes, en particulier de plus jeunes issus de la HEAR, pour absorber un peu de l’état d’esprit qu’ils avaient acquis au cours de leurs études.
Aujourd’hui, il me semble que ces différences de parcours n’ont pas tant d’importance, si ce n’est dans les quelques années qui suivent la sortie d’écoles durant laquelle les jeunes diplômés bénéficient aujourd’hui d’un plus fort accompagnement.  

 

Et pour vous suivre ?

 

Photos : © Christophe Urbain